"C'est très Claire, c'est François le coupable"

Spectacle "CatéCado" à Ittre
Après ses multiples tournées à l'étranger (France, Suisse, Italie, Canada) et en Belgique, c'est la paroisse d'Ittre qui a eu l'honneur d'accueillir la très célèbre compagnie "CatéCado", dimanche le 14 décembre 2014 à 15h. Une foule nombreuse de paroissiens et bien d'autres personnes des environs ont massivement répondu à ce rendez-vous dominical pas comme les autres. Et la belle église Saint-Rémy, merveilleusement transformée en salle de théâtre, fut immédiatement remplie.
" C'est très Claire, c'est François le coupable ". Tel est le titre de la pièce jouée par nos illustres acteurs. Il s'agit d'un théâtre religieux à caractère burlesque qui évoque une histoire vraie du début du treizième siècle. Nous sommes exactement en 1212, dans la ville italienne d'Assise. A cette époque, un jeune chevalier vient d'amorcer un mouvement pour le moins étrange aux yeux des personnes bien pensantes de ce temps. Celui qui sera le fameux François d'Assise, abandonnant son mode de vie mondain, embrasse et prêche avec conviction et persuasion la Dame Pauvreté. Il entraîne de nombreux copains dans ce courant impétueux de conversion. Sans doute que la nouvelle parviendra aux oreilles de la jeune Claire, fille du noble et richissime seigneur Favarone d'Offreducio. Admirée par tout le monde, la très belle Claire, loin d'être une coquette de la ville, est pourtant réputée d'une ferveur spirituelle exceptionnelle. Déjà le dimanche des Rameaux, son père et toute sa suite l'avaient laissée à la cathédrale profondément absorbée dans l'oraison. Tous ceux qui la connaissent ne tarissent pas d'éloges envers elle vantant non seulement sa beauté toute distinguée mais surtout sa sagesse hors pair. Son père lui-même n'en revient pas, et caresse avec plaisir l'idée de la marier à une famille de haute noblesse. Les tractations familiales vont bon train pour arranger ce mariage. Ce dimanche des Rameaux, un grand banquet est par ailleurs organisé , et on ne manquera pas de traiter cette affaire qui préoccupe tant la famille Favarone. Les invités de marque sont déjà présents. Entre-temps, la future mariée ne rentre pas de ses prières à la cathédrale. L'inquiétude et l'agitation gagnent visiblement toute la maison des Favarone. Plus tard la nouvelle arrive avec fracas que la belle Claire a rejoint la folie de François. Tout est fait pour dissuader la fille perdue: menaces et douceur rivalisent pour la faire revenir à cette décision qui fait scandale de toute la noblesse d'Assise. Un grand déchirement pour les parents, et surtout pour le papa qui nourrissait pour elle des projets dignes de son rang. Les amis et les serfs de la cour de Favarone viennent le consoler de ce deuil. Cricketti et sa femme Cricketta, un couple de troubadours confident du seigneur Favarone, tentent de le ramener à la raison et calme avec succès la fureur du seigneur enragé: Claire a vu clair, disent-ils. Elle n'a fait que suivre son cœur qui s'est rempli de l'amour de son Seigneur. Plus que les gens de son époque, surtout ceux appartenant à la haute et bourgeoise aristocratie, elle a bien compris que la vie sans Dieu est une pure illusion caricaturalement illustrée par une casserole vide aux dehors brillants.
La pièce se termine en toute beauté sur une scène particulièrement émouvante où le seigneur Favarone convie toute sa cour au repas familial et, au milieu de la table, il sert indistinctement tous les convives, ceux de haute marque mêlés aux petits serviteurs. Le pain qu'il leur partage circule même jusqu'à tous les spectateurs qui ont eu la joie de grignoter leur part avec plaisir et grande émotion. Finalement la leçon du coupable François est assimilée par son principal accusateur. Son seul grand crime semble contaminer non seulement sa "Claire" co-accusée, mais aussi les membres de la haute classe que représente le seigneur Favarone. C'est le crime de la bonté et de la fraternité universelle, le désir de bâtir une société sans classe, celle qui valorise les pauvres en bannissant les dieux du luxe, de la force, de l'arrogance et de la " mondanité spirituelle", dirait le pape François. Un clin d'œil qui n'est pas loin d'évoquer notre époque qui a répudié le vrai Dieu de la simplicité et de la solidarité avec les faibles pour introniser les idoles de la consommation, de l'égoïsme et de l'hédonisme.
Après la fin de la présentation de la pièce, les enfants ont eu droit à une mise au point merveilleusement animée par Luc Aerens, l'interprète du rôle du troubadour. Leur échange chaleureux à clairement montré que les enfants ont compris le message central de la pièce qu'ils ont suivie avec grande attention.
S.Pascal
Paroisse d’Ittre