Monseigneur Rixen nous parle du pape François

"Vraiment, que cet air nouveau réanime l´espérance de nombreuses personnespour une plus grande fidélité à Jésus-Christ et à sa Parole"
- Le Pape François : une espérance de rénovation de l´Eglise.
Quand le Cardinal Argentin Jorge Mário Bergoglio fut choisi au mois de mars lors du conclave pour devenir le nouveau Pape, ce fut une grande surprise. Son nom ne circulait pas dans la presse comme « papabile », peut-être pour raison d´âge ou à cause de ses attitudes.
Ses premières paroles et attitudes ont conquis le monde entier. Jamais un Pape ne s´est incliné devant la foule pour demander la bénédiction de ces femmes et de ces hommes réunis sur la Place Saint-Pierre à Rome. Ce geste d´humilité a conquis le coeur des chrétiens. Ses autres comportements sont venus conforter ces premières impressions comme le fait de s´appeler « évêque de Rome », de payer lui-même sa note d´hôtel et de retourner en bus comme les autres cardinaux et non en « papamobile ».
« Une Eglise Pauvre et pour les Pauvres. »
Au moment du Concile Vatican II, Jean XXIII parlait de l´Eglise des pauvres. À la fin du Concile, un groupe d´évêques se réunit dans une catacombe de Rome et signe le « Pacte des Catacombes » qui les engageait à mener une vie simple et à luter pour défendre les pauvres. Nombre de ces évêques étaient profondément marqués par la spiritualité de Charles de Foucauld.
La Conférence de Medellin (1968) inséra cette option dans la réalité de l´Amérique Latine et le document de Puebla (1979) utilisa l´expression « option pour les pauvres », expression reprise dans le document d´Aparecida (2008).
La phrase du Pape François : « Ah, comme j´aimerais une Eglise pauvre et pour les pauvres », prononcée au cours de sa rencontre avec les représentants des moyens de communications sociales, fut très heureuse. Ce n´était pas des paroles en l´air car le cardinal Jorge Mário visitait fréquemment les favellas de Buenos Aires et menait toujours une vie simple comme voyager en bus et cuisiner lui-même.
Dans ses écrits, Charles de Foucauld insiste à plusieurs occasions : « Pour imiter Jésus, il faut être pauvre comme Lui. »
« Jamais, Dieu ne se lasse de pardonner. »
Le Pape François a évoqué plusieurs fois le thème du pardon en disant que lui-même a besoin de la miséricorde de Dieu, car lui aussi est pécheur. Ainsi la presse voulu savoir quel était le péché du Pape.
Sainte-Thérèse d´Avila disait : « Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous prenons conscience de nos manques d´amour envers Dieu et envers les autres. Nous avons tous besoin du pardon de Dieu. » C´est en ce sens que le premier « Angelus » du Pape sur la Place Saint-Pierre dit : « Jamais, Dieu ne se lasse de nous pardonner. »
Comme Jésus, nous devons être miséricordieux envers les autres. Dans le « Notre Père » nous disons : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » et, sur la croix, Jésus dit : « Père, pardonne-leurs, ils ne savent pas ce qu´ils font ! ». Sans pardon, il n´existe pas d´amour !
« Ne cédons jamais au pessimisme. »
Dans son discours aux cardinaux après son élection, le Pape François dit : « Ne cédons pas au pessimisme, à ce piège que le diable nous offre chaque jour ».
La capacité de s´émerveiller est la source de la mystique. Celui qui ne voit pas la beauté des choses et des personnes a perdu sa spiritualité. Le mal des « sondages d´opinions » que nous proposent les moyens de communications fait souvent en sorte que le bien reste caché. Cependant, dans nos communautés, nous rencontrons tant de personnes merveilleuses qui cherchent à vivre l´Evangile. S´il y a des prêtres pédophiles au sein de l´Eglise, et d´autres qui sont âpres à l´argent et autoritaires, il y a aussi des prêtres totalement donnés au peuple, et même, parfois, jusqu´au martyre. Ce sont ceux-ci qui nous stimulent à vivre la fidélité au projet de Jésus.
Le pessimisme détruit, l´optimisme construit !
Ne fermons pas les yeux devant la réalité, la souffrance des personnes, les injustices, mais ne perdons pas l´espérance que « le nouveau » est possible, qu´un autre monde est possible. La foi au Ressuscité nous incite à vivre dans l´espérance.
« Servir l´Evangile avec un amour renouvelé. »
Le frère Charles de Foucauld disait : « Nous devons ‘crier l´Evangile’ par notre propre vie » et Saint-Paul demande que nous ayons les mêmes sentiments que ceux de Jésus.
La force de l´Eglise réside dans la pratique de l´Evangile. En ce sens, le témoignage d´une vie conforme au projet de Jésus est plus important que de nombreux discours ou homélies. La vie parle « mieux » que les paroles.
Ce qui impressionna le monde entier furent davantage les gestes du nouveau Pape plutôt que ses discours. Ses gestes d´humilité et de bonté ont laissé transparaître le propre cœur de Jésus. C´est de cela que le monde actuel a besoin !
Comme ce fut le désir du Concile Vatican II, nous avons besoin de revenir aux sources, à la pratique de Jésus-Christ, et tirer de nos vies toute la poussière accumulée au cours des siècles. Notre objectif dans la vie doit être de nous rencontrer avec Jésus et pratiquer l´Evangile. C´est ce qu´a dit le Pape aux cardinaux : « Je vous exprime ma volonté de servir l´Evangile avec un amour renouvelé. »
« La vérité chrétienne est fascinante. »
Notre foi chrétienne est un trésor pour l´humanité. Connaître Jésus et sa Parole réalise pleinement l´être humain. En Lui, nous rencontrons le sens plénier de nos vies.
Pratiquer notre foi ne nous distancie pas de notre réalité humaine, des angoisses et des joies des femmes et des hommes de notre temps. Au contraire, nous sommes appelés à embrasser cette réalité pour la transformer.
Ainsi, le Pape souligne combien « la vérité chrétienne est fascinante et persuasive, et répond à une attente nécessaire de l´existence humaine. »
Les attitudes et les paroles du Pape François amènent un air nouveau pour l´Eglise et pour le monde. Nombre de ses intuitions correspondent à ce que nos Fraternités « Jesus-Caritas » proposent: mener une vie de simplicité et de pauvreté, s´engager auprès des exclus de la société, vivre la bonté et la tendresse, respecter les différentes convictions et pratiquer la radicalité de l´Evangile.
Vraiment, que cet air nouveau réanime l´espérance de nombreuses personnes pour une plus grande fidélité à Jésus-Christ et à sa Parole !
2. Le Pape François et les Journées Mondiales de la Jeunesse.
La semaine du 13 au 20 juillet, notre Diocèse de Goiás a accueilli 103 Belges, 23 Italiens, 16 Allemands et 2 Vénézuéliens. Il s´agissait de jeunes pèlerins qui voulaient connaître notre réalité sociale et notre façon d´être « Eglise ». La Pastorale des Jeunes et d´autres mouvements de jeunes avaient préparé cette « Semaine Missionnaire ». Elle consistait à visiter les familles dans diverses paroisses du diocèse, une veillée de prière et une soirée culturelle. Certains de ces jeunes choisirent aussi de partager le vécu d´autres jeunes, ceux de l´Ecole Familiale d´Agriculture, du Centre de désintoxication des drogués et des alcooliques, des « Assentamentos ». (Par « assentamentos », il faut entendre ces familles ayant ‘conquis’ un terrain de quelques hectares, après avoir campé, souvent pendant plusieurs années, le long d´une grande propriété inexploitée). D´autres jeunes encore préférèrent visiter des prisonniers et des malades. Pour le plus grand nombre, ce fut une expérience profondément marquante.
De nombreux jeunes eurent l´occasion de vivre une retraite spirituelle au Monastère de l´Annonciation. Ce fut pour eux un temps fort de rencontre avec eux-mêmes et avec Dieu.
Les 19 et 20 juillet, les jeunes du diocèse organisèrent un grand rassemblement dans la ville de Goiás. Cela commença par une belle marche de prière et de réflexion à travers les rues de la ville et se termina par une soirée culturelle au cours de laquelle les différents pays se présentèrent. Le lendemain matin, une rencontre de réflexion et de partage répartit les jeunes en différents groupes, et dans l´après-midi, se célébra une eucharistique festive dans notre cathédrale.
Près de cinquante jeunes du diocèse sont allés participer aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Rio de Janeiro du 22 au 28 juillet 2013. Selon les estimations, ils étaient près de trois millions de jeunes, rassemblés sur la plage de Copacabana pour la veillée de prière du samedi soir et pour la messe de clôture du dimanche.
Le Pape, par sa simplicité et ses gestes spontanés, par son sourire et ses attitudes prophétiques, réussit à gagner la sympathie de la foule venue nombreuse pour l´écouter. On parle d´un nouveau printemps de l´Eglise Catholique.
Relevons à présent quelques paroles significatives démontrant cette rénovation de l´Eglise.
« Embrasser celui qui passe par des difficultés. »
« Il nous faut affronter les problèmes qui sont à la racine de l´usage des drogues, en promouvant une plus grande justice, en éduquant les jeunes à des valeurs qui construisent la vie commune, en accompagnant celui qui est en difficulté, lui donnant une espérance pour son avenir. »
(Visite a l´Hôpital Saint-François d´Assises, le 24/07/2013)
« Ne laissons pas entrer dans notre cœur la culture du ‘prêt à jeter’. »
« Vous, chers jeunes, vous possédez une sensibilité spéciale face aux injustices, mais souvent, vous vous désillusionnez en écoutant les nouvelles parlant de corruption, ou, avec des personnes, qui au lieu de promouvoir le bien commun, cherchent leur propre intérêt. Egalement pour vous, et pour tous, je répète : ne vous découragez jamais, ne perdez pas la confiance, ne laissez pas s´étouffer l´espérance. »
(Visite à la Communauté de Varginha, le 25/07)
« Boutez la foi. »
« C´est ainsi, également dans notre vie, chers jeunes: si nous voulons qu´elle ait réellement sens et plénitude, comme vous-mêmes le désirez et le méritez, je le dis à chacun et chacune de vous: « boutez la foi », et la vie aura une saveur nouvelle, la vie aura une boussole qui indique la direction. »
(Homélie du Saint-Père, le 25/07)
« L´ ‘humilité sociale’ favorise le dialogue. »
« L´unique manière pour une personne, une famille, une société de croître, l´unique manière pour faire avancer la vie des peuples, c´est la culture de la rencontre ; une culture selon laquelle tous ont quelque chose de bon à donner et tous peuvent recevoir quelque chose de bon en échange. »
(Rencontre avec la classe dirigeante du Brésil, le 27/07)
Certainement, le Pape François a laissé un message fort à tous les chrétiens et à chaque personne de bonne volonté. Que ses paroles puissent résonner pour longtemps dans le plus profond de notre cœur !
Monseigneur Eugène RIXEN, Evêque de Goiás, Brésil.
Goiás, 1 septembre 2013.
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